À la découverte des rhumeries de Guadeloupe : histoire, vérités et Ti'Punch !

ABONNEZ-VOUS A MA NEWSLETTER


Un terroir, un savoir-faire, une fierté

En Guadeloupe, le rhum est bien plus qu’un simple spiritueux : c’est un héritage, une tradition, presque une identité. Sur cette île volcanique bercée par les alizés, la canne à sucre pousse depuis le XVIIᵉ siècle, et chaque goutte de rhum raconte un pan de son histoire coloniale, agricole, puis artisanale.

Aujourd’hui, la Guadeloupe compte une dizaine de distilleries en activité — dont certaines se visitent, d’autres se dégustent, et les meilleures font les deux à la fois ! Distilleries familiales ou groupes industriels, chacune a ses secrets, ses alambics, son vieillissement, ses bouteilles iconiques…

Anecdote locale (transmise par les anciens) : On raconte qu’un ouvrier aurait un jour goûté chaque fût chez Damoiseau pour « vérifier la qualité ». Depuis, l’histoire circule avec humour dans les visites guidées, preuve que, là-bas, le contrôle qualité est pris très à cœur !

Petite histoire du rhum en Guadeloupe

  • XVIIᵉ siècle : les colons européens introduisent la canne à sucre.
  • Fin du XVIIIᵉ siècle : naissance du “guildive”, ancêtre du rhum agricole.
  • XIXᵉ siècle : essor des habitations sucrières, début des distillations locales.
  • 1939 : apparition de l’expression "rhum agricole" pour distinguer le rhum fait à partir de jus de canne frais (vs. mélasse).
  • Aujourd’hui : la Guadeloupe produit environ 80 000 hectolitres de rhum pur par an, dont une bonne partie est exportée en métropole et à l’étranger.

Les vérités du rhum : quelques chiffres

  • 40 à 70° : c’est la fourchette réelle des rhums blancs agricoles produits en Guadeloupe. Le plus courant est à 50°, mais on trouve aussi du 59° à Marie-Galante (très apprécié pour le Ti’Punch) et des cuvées spéciales titrant jusqu’à 70°, pour les connaisseurs. Les rhums vieux, eux, tournent autour de 40° à 45° après réduction.
  • 3 à plus de 20 ans : le temps de vieillissement des rhums vieux varie selon les distilleries. Les plus jeunes sont dits "VO" (Very Old), puis "VSOP" (Very Superior Old Pale), "XO" (Extra Old), et certaines cuvées prestige atteignent plus de 20 ans de fût, voire 30 ans pour les éditions limitées.
  • Plus de 50 pays importent le rhum guadeloupéen, principalement la France métropolitaine, le Canada, les États-Unis, l'Allemagne, le Japon...
Et l’AOC dans tout ça ?

La Guadeloupe produit bien du rhum agricole, mais l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) ne s’applique aujourd’hui qu’à la Martinique.

Cependant, Marie-Galante bénéficie d'une IGP (Indication Géographique Protégée) pour son rhum agricole à 59°, ce qui en garantit l’origine et les méthodes traditionnelles.


La Guadeloupe n’a pas d’AOC à l’heure actuelle, mais certains producteurs militent pour une reconnaissance officielle.

À noter : l'AOC Rhum Martinique, obtenue en 1996, reste la seule AOC au monde pour un rhum.

Le Ti'Punch : une tradition, pas une recette !

« Chacun fait son Ti’Punch comme il aime. Le Ti’Punch, c’est pas une recette, c’est une cérémonie. »

Ingrédients (par personne) :
  • 1 trait de sucre de canne ou un morceau de sucre
  • 1 quartier de citron vert
  • 5 cl de rhum blanc agricole (entre 50° et 59°)

Préparation :

Écrasez doucement le citron et le sucre au fond d’un verre, ajoutez le rhum. Pas de glaçon, pas de shaker, pas de chichi. Le Ti’Punch se prépare sec et se savoure en parlant. On le tourne doucement avec une cuillère, en trinquant avec le célèbre « Chin-chin ! »

La tradition créole veut que l’on apporte à table les trois éléments de base : une bouteille de rhum (souvent du 50° ou du 59°), du sucre de canne ou du miel, parfois du sirop quelques morceaux de citrons verts coupés.

Et chacun prépare le sien selon son goût, à son rythme. Pas de cocktail pré-mélangé, pas de barman : le Ti’Punch, c’est un moment d’échange, de liberté, de discussion. On le tourne doucement avec une cuillère en bois, parfois avec un brin de canne, pendant qu’on refait le monde ou qu’on parle des récoltes.

🍹 On dit ici : « Chacun son Ti’Punch, chacun son humeur. »

Malheureusement, cette tradition se perd dans certains restaurants "touristiques", où l’on sert le Ti’Punch déjà préparé. Mais dans les tables locales, chez l’habitant ou dans les restos de quartier, ce rituel est toujours bien vivant— et fait partie intégrante de l’expérience culinaire guadeloupéenne.

🌴 Le décollage du matin : une tradition bien ancrée

En Guadeloupe, on appelle « an ti décollaj » (ou dékollaj) le petit verre de rhum que l’on prend de bon matin, parfois à jeun, avant de commencer la journée. Il peut s’agir d’un rhum blanc, souvent adouci avec un peu de sirop, ou d’un rhum arrangé maison.

On dit que ça « décolle le cerveau », « nettoie l’estomac » ou « met en route la machine »… une façon imagée de dire qu’on commence bien la journée.

Si elle tend à se raréfier aujourd’hui pour des raisons de santé évidentes, le décollage fait encore partie du folklore local et de cette culture du rhum profondément ancrée dans la vie guadeloupéenne.

Les rhumeries à ne pas manquer

🌞 Conseil : Certaines distilleries proposent des visites guidées, d'autres des dégustations. N’oubliez pas de désigner un capitaine sobre pour la route !

Le rhum en Guadeloupe, c’est un patrimoine vivant. Le visiter, c’est comprendre une île, des hommes, une culture — et goûter au cœur même des Antilles. Alors, que vous soyez simple touriste, amateur passionné ou futur résident, poussez la porte d’une rhumerie.

Vous en ressortirez sûrement… avec le sourire (et quelques bouteilles sous le bras) !

Conseils et ressources pour celles et ceux qui veulent vivre ici, pas seulement visiter en touriste

Newsletter

Abonnez-vous et recevez nos nouvelles